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Alain FLEISCHER / Passagers clandestins et Ecran sensible

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C'est aussi un livre publiéà l'occasion de la belle exposition Passagers clandestins/Transferts, Transformations, et Restes, au Centre des Arts d'Enghien-les-bains dirigé par Dominique Roland qui a présenté sa nouvelle saison d'abord par le biais d'un très remarquable hologramme de lui-même, après avoir serré la main de son double. Brillante saison, avec, entre autres des spectacles et des films, notamment quelques fabuleux court-métrages de Charlie Chaplin et de Buster Keaton, dans une salle de presque quatre cent places, des ateliers, des conférences et des résidences de création, toujours à la marge entre arts scéniques et plastiques, et nouvelles technologies de l'image et du son.

« Tout cela peut paraître bien théorique. Ne nous y trompons pas, il y a dans les dispositifs d'Alain Fleischer une présence forte du jeu, de la vie quotidienne, des fantasmes des souvenirs qui nous dispensent des images froides et absconses. C'est un bricoleur de lumières, un joueur d'espace qui apprivoise le mouvement et la durée, le rêve et la réalité avec un fer à repasser, un train électrique, une reproduction de Bouguereau, une raquette de ping-pong. » Alain Sayag

Le livre reprend avec des textes de Daniel Doebbels et d'Alain Fleischer, cet écrivain, cinéaste et artiste multidisciplinaire, avec photos et textes relatif aux quelque trente œuvres ici exposées. Passagers clandestins est aussi le titre de la nouvelle qui ouvre cette sorte de catalogue. "En fait, dit-il, c'est la première fois qu'une œuvre littéraire constitue pour moi la sorte de partition d'une exposition (…) Ici, le texte littéraire tente de parcourir l'exposition, de relier entre elles certaines ouvres, d'annoncer le thème du transfert des formes, de leur transformation, du passage d'un support à un autre, à travers de multiples interfaces."

L'âme du couteau (1982).

Reflection, le dos de la cuillère (1982).

De ce long parcours artistique, certaines œuvres remontent à trente ans, voire plus, il y a d'évidence une filiation par le biais de l'image avec l'art conceptuel mais pas seulement. Comme cette très belle installation avec projection vidéo (1979) où on peut voir l'image du visage d'une très jeune femme dont les cheveux volent, et qui est projetée sur les pales d'un ventilateur. L'appareil ayant ici une double fonction poétique : fabriquer un courant d'air provoquant l'envol des cheveux mais aussi servir d'écran, constitué par les pales en mouvement. Un peu dans la même veine, si on peut dire : Nuage, une vidéo réalisée cette année avec la collaboration de Gaïa Riposati et Massimo di Leone avec des éclairs de lumière à l'intérieur d'un nuage qui sont comme imposés par une voix répétant : "Je ne suis qu'une image."

Autant en emporte le vent (1979).

Dans le cadre du miroir (1984).

Il y a aussi la projection d'une vidéo en noir et blanc (1992) sur très grand écran qui fascine avec raison le public. Dans cet Homme dans Les draps, aucun être vivant sur ce grand lit mais seulement les plis du coton qui, avec une grande lenteur, se forment et se déforment. Libre à nous d'y voir quelque chose comme des visages énigmatiques. En tout cas, pendant une dizaine de minutes, la présence indéniable d'un ou deux personnages dont nous n'apercevrons jamais le corps mais qui ont une formidable présence.

Happy days (1986-1988).

L'homme dans les draps, vidéo (1992).

Il y a aussi une installation Premier regard/Dernier regard (1991), soit deux séries de dix étagères en verre qui évoquent les péripéties de la vie humaine en deux mots : premier regard/dernier regard, premier mot/dernier mot : premier amour/dernier amour, etc. Soit vingt propositions rigoureusement traitées en verre sérigraphié. Le verre, on le sait, est un matériau exemplaire de pureté mais aussi difficile à traiter en sculpture, mais ici devenu un support remarquable.

Les êtres de verre (1992).

Ces œuvres réalisées par Alain Fleischer en papier argent, vidéo, objets ou appareils existants, papier, verre… posent aussi en filigrane la question du support, souvent nouveau et sans cesse modifié, réinventé voire empruntéà l'industrie par les artistes mais toujours fragile et vouéà la disparition en totalité ou en partie : surtout la parole enregistrée, l'image projetée, et la lumière. A l'exemple de toute vie humaine, semble nous dire Alain Fleischer.

La nuit des visages (1995-1998).

Ecran sensible

La présentation de saison comportait aussi une performance d'Alain Fleischer. Un très court-métrage avec scénario est projeté dans la salle. Entrée et sortie interdites et, bien entendu, extinction obligatoire des téléphones portables pendant les vingt minutes que dure la projection ! Consigne répétée plusieurs fois et, curieusement, très respectée. Mais à la fin, aucun éclairage dans la salle qui reste noire.

Quelques assistants en combinaison blanche vont ensuite peindre l'écran de cinéma avec un rouleau imprégné de révélateur et une image fixe va apparaître, comme une sorte de mémoire là aussi fragile de la narration du petit film. Avec des manques et des ajouts. Et comme la métaphore et la preuve par neuf de l'impossibilité de garder vraiment la trace d'un film, c'est à dire du sens d'images en mouvement quand on les reporte sur une image fixe.

- Source : Le Théâtre du Blog.

A voir :
-L'homme dans les draps d'Alain Fleischer.

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