
Artiste plasticien, Georges Rousse est un magicien des formes. Son art touche la peinture, le dessin, l'architecture, la sculpture pour aboutir à la photographie. Un travail hybride qui convoque une multitude de techniques et qui pose la question de la perception et du spiritualisme. Grand voyageur, Rousse investit des lieux abandonnés (entrepôt, immeuble, bureau, abattoir, hôpitaux...) qu'il transforme en d'étranges décors où l'esprit découvre le pouvoir d'errer et de méditer dans l'espace. Ces lieux deviennent pour un temps l'atelier de l'artiste nomade.
Rousse travaille comme Felice Varini, « in situ », c'est-à-dire dans et pour le lieu. Mais contrairement à lui, son art est essentiellement instinctif. Si ces deux artistes sont souvent comparés par leur technique et leur moyen d'intervention, leur finalité n'est pas la même : l'installation picturale pour l'un et la photographie conceptuelle pour l'autre. Varini est « un mathématicien » tandis que Rousse est « un sage ».
Depuis les années 80, Georges Rousse capte le côté spatial et spirituel de chaque lieu. Pour cela, il utilise des techniques illusoires : la perspective et l'anamorphose. Le résultat est une sorte de pseudo illusion qui joue sur plusieurs couches de lecture et qui métamorphose l'espace réel en une image plane, composées de différentes épaisseurs à partir d'un point de vue définit. Par cette illusion d'optique, « le regardeur » est devant une lecture complexe de l'espace d'autant que celui-ci est « déconstruit » au profit d'une mise en scène de la peinture qui met en valeur la symbolique de la forme et du lieu. En effet, après avoir peint des figures et des dessins hachurés à la craie, Rousse s'est vite tourné vers la peinture géométrique par transparence. Il en a adopté la forme circulaire qui est la métaphore de l'œil et de l'objectif photo.
En employant la frontalité des prises de vues, l'espace s'uniformise en matière photographique. La peinture et le texte (son carnet de note qu'il reproduit sur les murs comme un son annexéà l'image) sont des moyens pour révéler l'espace par le jeu des transparences et de la lumière ; une métaphore de la chambre noire !
Après toutes ces interventions, comble de tout artiste, Rousse arrive à faire parler le lieu même, à capter l'irréel et l'immatériel. Il nous donne ainsi de très belles visions intemporelles qui réintègrent une des notions les plus importante de l'art : le spirituel.
A voir :Contacts. DVD volume 3 chez Arte vidéo.
A lire :Georges Rousse 1981-2000. Monographie aux éditions Bartschi-Salomon.
Georges Rousse/Photo poche aux éditions Actes Sud (2009).
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