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Maurice SALTANO

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Vendredi 26 septembre à 22h30.

Nous connaissons Maurice Saltano par ses merveilleux articles publiés dans les revues Arcane et Magicus. Certains possèdent son livre Les Magiciens, le monde fantastique de l'illusionnisme, écrit en collaboration avec son fils, journaliste et dessinateur, Bernard Joubert. Ed. Syros (1990) – Alternatives. Paris.

Nous sommes venus très nombreux assister à la rétrospective de la carrière de ce magicien éminemment sympathique qui est à l'origine du Club de Grenoble.

Jean Merlin et ses invités « surprise » vont nous présenter pendant deux heures toutes les facettes de cet artiste.

Le décor est sobre. Deux fauteuils rétro vides et un guéridon surmonté d'une vieille TSF. Les extraits musicaux, comme La Rose des vents, une chanson d'avant guerre (pas celle de France Gall). Le speaker avec la voix lointaine, genre celle de l'appel du 18 juin, vante les mérites de l'eau de Volvic, puis des lunettes des frères Lissac.

Nous sommes prêts à entrer dans l'univers de Maurice Saltano.

La musique s'accélère et c'est au son d'un piano mécanique que la scène est rapidement transformée en trois zones.
- Côté jardin, deux tables enjuponnées, style cabaret, avec la bouteille de champagne dans son sceau, entourée de verres.
- Au centre, les fauteuils déjà cités.
- Et côté cour, un bureau avec sa lampe de chevet.

Suivant les thèmes évoqués, Jean Merlin, Monique Dorian et Maurice Saltano iront occuper le décor correspondant.

Une porte gag arrive du fond de la scène et Jean Merlin l'ouvre, faisant ainsi une entrée très applaudie par un public conquis d'avance.

Ce n'est pas voulu mais un de ses bas de pantalon est pris dans sa chaussette et un spectateur du premier rang lui en fait la remarque. Jean Merlin rebondit : « Ca m'apprendra à mettre un costume et puis j'ai toujours pensé que les WC à la turc étaient…». La salle est pliée.

Jean Merlin : « Que cela ne vous empêche pas d'écouter ce que je dis ! Nous sommes le 24 décembre, c'est l'hiver, il fait très froid et en plus, il neige. Un couple de miséreux déambule dans les rues boueuses d'une ville de merde(*). Elle est enceinte de 11 mois, ce qui est très rare chez les primipares et lui est au chômage. Ils vont être aidés par un couple de bons à rien : François et Marie-Ségolène qui leur permettront d'accoucher dans les ruines encore fumantes d'une permanence du parti socialiste. Ses parents décident alors de l'appeler Maurice, ce qui n'est pas forcement une bonne idée quand on veut devenir magicien, par rapport à Channing et Fred. »

(*) Ah ! Ce Merlin ! Quel poète !

L'enfance du petit Maurice se passait plus souvent dans la rue qu'à l'école. Il a bientôt 11 ans lorsque son père lui dit : « Maurice, tu ne sais pas lire, pas écrire, tu parles mal, tu chantes comme un raton laveur, tu ne sais rien faire, je serais toi, je ferais magicien ! »

Mais revenons à aujourd'hui : Maurice Saltano, tu es né en 1930, (on ne va pas le dire), dans la petite ville de Voiron (Isère), tu as des problèmes de santé et c'est pourquoi je t'ai demandé d'essayer de ne pas mourir avant cette conférence !

Premier visuel : Des photographies d'époque passent sur un écran géant. Chaque photo est disséquée par Jean Merlin : « Là, c'est Le Pot à lait versé dans un cornet en papier journal, et ici Le Dé qui saute. Tu es le seul à avoir présenté ce tour. Tous les autres magiciens l'ont mis directement à la poubelle ! Maintenant voici Les Chiffons voyageurs. Tu as dû te marrer avec ça ! ... (Une photo en duo avec sa petite sœur. Le nom d'artiste figure au bas : « Saltano, le multi truquiste mondain »)...Fallait le trouver ! Ou encore « Présentation de Grandes Illusions en Miniature ». Dans la malhonnêteté tu avais déjà gravi la première marche. C'est quoi au fait des grandes illusions miniatures ? »

Réponse de Maurice : « C'est des petites illusions…»

Saltano présentant Le Pot à lait versé dans un cornet en papier journal (photo fournie par Didier Morax).

Maurice écrivain.

Dès 1941 le vice de l'écriture l'a pris. Présentation de cahiers d'écolier : Il s'agit déjà d'une Revue en un exemplaire : Ma Baguette magique. N° 1 à 10. Par la suite viendra le virus de la presse magique : Le Petit Magicien, les articles dans la revue Arcane, Magicus.

J. M. continue : « A 11 ans tu pratiques des tours de corde, le sac de Monte Christo et déjà la Cabine Spirite. A 12 ans tu prends le pseudonyme « Mystèr » et tu écumes les salles paroissiales et à 15 ans, tu deviens Saltano. »

Maurice raconte : « Mon premier modèle a étéHardy l'Enchanteur. Il m'a transmis le virus. Il pratiquait le compagnonnage. Je l'ai vu la première fois dans mon école. Je lui ai écrit grâce à l'adresse sur les cartes photos déposées dans le hall de l'entrée pour sa publicité. Technique habituelle des artistes de l'époque. Il m'a donné quelques conseils, corrigé mes erreurs la fois suivante et m'a donné de nouveaux tours, au goutte à goutte.

La deuxième influence a été le volume 2 du Rémi Cellier, acheté par hasard chez un bouquiniste, car en ce temps là il n'y avait rien pour apprendre les tours de prestidigitation. »

J. M. ajoute : « Dieu a veillé sur toi car le tome 2 ne contient pas de tour de cartes ! »

M. S. : « Puis vient le tour Création de la femme, construit et présenté avec ma petite sœur. Ensuite, je rencontre Géo Mondret. Avec lui j'ai tout appris. Il enseignait à L'Omnium Théâtral où on vendait de tout pour le spectacle. »

J. M. reprend la parole pour parler de la visite de sa maison : « J'ai visité ton sous-sol et je n'y emmènerais pas ma petite fille. Sur les portes sont dessinés des personnages inquiétants, les murs sont recouverts d'affiches et de planches de BD fantastiques. »

Projection des photographies de ces affiches.

J. M. : « Dans les dossiers de presse que j'ai feuilletés, j'ai remarqué que ton nom était toujours en gros titres dans les journaux. En 1949 avec la famille Gruss, en 1950 lors des tournées des cinémas en attraction avant le grand film, soit avec rémunération dans les cinémas détaxés pour cette raison, soit on vendait des horoscopes. »

M. S. : « Je présentais alors des tours classiques : sac à l'œuf, ombrelle aux foulards, apparition des bocaux de poisson. En 1953, Gabriel Forest, magicien amateur issu d'une grande famille papetière me fait cadeau de matériel de grandes illusions. »

J. M. : « En 1953, après une émission de radio, une très jolie dame apparaît dans ta vie, Monique Dorian. »

Les affiches présentent René Septembre, Dany Ray, Monique et Maurice Saltano.

M.S. : Mes tours fétiches sont Les cartes à l'épée et L'Armoire des frères Davenport. Mais cela ne pouvait pas durer. Je ne souhaitais pas devenir « Au cabaret le Pigeon Bleu » l'artiste mondialement connu à Grenoble ! (1) »

(1) Allusion à un célèbre sketch des années cinquante de Roger Pierre et Jean-Marc Thibault.

Saynète jouée par un ami magicien de Grenoble, Bernard Gil. Il présente le tour du journal déchiré (La version de Gene Anderson). Sur le premier exemplaire on peut lire « Saltano quitte Grenoble » en gros titre, et sur le journal restauré, « Saltano triomphe à Paris ».

Jean Merlin teste Maurice sur ses connaissances des Super Héros et montre successivement les images d'Hulk, Batman, Superman, Mandrake, Spiderman, et même un sans nom pour essayer de le piéger !

Saynète : Après un forçage (foireux, d'où les rires dans la salle) du dessin de Mandrake, Le tour des deux cartons pliés permet de faire apparaître son fils Bernard Joubert déguisé en Mandrake.

La biographie continue. Nous sommes en 1954. Nous voyons des affiches avec Jean Boulet.

Maurice passe dans les salles prestigieuses comme la Salle Pleyel et le Globe, ou l'Alcazar de Marseille.

M. S. : « A l'époque tout le monde se faisait virer de l'Alcazar. Même Maurice Chevalier s'en est sorti difficilement. J'ai vu de mes yeux un spectateur faire la queue avec un sac plein de tomates. Or je présentais un spectacle de trois heures de magie. Je n'ai pas reçu de tomates. »

J. M. : « Et en 1955. Que s'est-il passé en 1955 ?

M. S. : « Je ne sais pas…»

Monique Dorian répond alors à sa place : « On s'est mariés ! »

M. S. rétorque : « Vous couperez ça au montage ! ».

J. M. : « 1955 toujours en haut de l'affiche avec Yvon Yva (2). Comment faisais-tu pour avoir ton nom toujours en grosses lettres sur tes affiches ? »

(2) Un fakir célèbre à partir des années soixante.

M. S. : «Michel Seldow m'a dit un jour : ‘Quand vous faites quelque chose, faite le savoir ».

Saltano présentant les boules excelsior (photo fournie par Didier Morax).

J. M. : « 1958 au Cirque Médrano trois fois par semaine. »

Publicité incroyable pour l'époque : « Il déshabille un spectateur sans qu'il s'en aperçoive ! » (Il s'agissait seulement de La Cabine spirite !)

Evocation de Jean Boulet.

Extrait d'un film noir et blanc où l'on voit Maurice Saltano présenter le Papier déchiré et raccommodé avec un texte très rapide, Les Cordons du fakir avec d'immenses cordes et des cerceaux de Hulla-Hop, et La Boîte d'allumettes qui traverse la matière.

Il passe ensuite en première partie de Paul Anka (3).

(3) Un chanteur célèbre des années soixante.

Puis le couple part en tournée pendant un mois en Israël.

Ensuite, c'est la première partie de Bill Haley, un des pionniers américains du Rock and Roll, avec des tours simples comme Le Sac à l'œuf avec un gant de toilette et une savonnette, et son tour fétiche, La Cabine spirite.

Le Barman du diable est créé en racontant l'histoire d'un congrès où les magiciens se lançaient des défis.

Vient la Piste aux Etoile puis une tournée avec Eddy Mitchell.

Puis le rock a tout balayé et il était de plus en plus difficile d'assurer la première partie d'un spectacle devant un public aussi chaud. Maurice Saltano change alors de métier et dirige une agence artistique à Grenoble.

Saynète : Une jeune femme demande une audition. Elle chante et Maurice joue le rôle de l'agent en lui prodiguant quelques conseils !

Témoignages

Sur le vidéo projecteur : Témoignages émouvants de Georges Jouvin, trompettiste, et de Marcel Azolla, un des rois de l'accordéon.

Gilles Pellegrini, un monument de la trompette, entre en scène. Il a dirigé pendant trois ans le pupitre des cuivres de Johnny Halliday. Il est à la variété ce que Maurice André est à la musique classique. Il vient témoigner en vrai son amitié pour Maurice Saltano : « Grâce à toi, Maurice, après avoir parcouru le monde, j'ai pu monter mon propre orchestre de danse ».

Puis l'artiste interprète une œuvre du film Rio Bravo. Un grand moment d'émotion. J'ai vu des larmes dans les yeux de Jean Merlin.

Impossible de tout raconter.

En 1981, création du Festival international de la magie de la vallée de l'Eau d'Olle,

En décembre 1996, le N° 1 du Petit Magicien sort dans les kiosques, le N° 2 en fév/mars 1997, le N° 3 en octobre 1997 et le N° 4 en déc/janvier 1998.

En 2001 se déroule la soirée Jean Boulet.

En 2005, il rédige les textes de la collection Au cœur de la magie de Sylvain Mirouf.

Et en 2008 : 60 ans de magie !

Bon anniversaire Maurice !

Apparaît alors sur la scène un énorme gâteau d'anniversaire, comme dans les films de gangsters.

Il reçoit des dessins originaux de son camarade Jean Boulet, offerts par Georges Proust.

Standing Ovation, standing émotion.


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