
Sous un chapiteau dressé par 6 mats de 18 mètres de haut. Les gradins proposent 1000 places de face. Tout le monde voit bien.
Idée du thème de la fuite d'eau : Bernard Kublak.
Le spectacle n'est pas encore commencé. Nous repérons tous une fuite d'eau, des gouttes tombent du haut du chapiteau, sur la scène. Une serpillière est placée dessous par un technicien, puis une casserole (plic et plic !) puis de nouveau une serpillière. (Plus de bruit). La serpillière est remplacée par une bassine (ploc et ploc !). Le ton est donné. L'eau crée de la musique et c'est Robert Miny, le maestro compositeur du cirque Plume qui va amplifier ce phénomène. Tout le spectacle est rythmé par la musique. Les effets mis en scène par Bernard Kudlak, le directeur artistique naissent de celle ci.
Et pour commencer, des dizaines de métronomes sont déposés et éparpillés sur la scène. Ils marquent le tempo. Des fleurs et des brins d'herbe sont ajoutés sur les tiges des métronomes, ce qui anime l'ensemble de façon ludique. Les fuites d'eau de toute part vont entraver le spectacle. Elles sont tour à tour exploitées puis stoppées magiquement grâce à une acrobatie, un bruit, un évènement drôle et inattendu.
L'Orchestre se présente : flûte, hélicon, guitare, tambour, grosse caisse, etc... Mais tout au long du spectacle nous entendrons toutes sortes d'instruments de musique : le chant, le cornet à piston, la batterie, le violon, le bouzouki, l'accordéon, la clarinette, le saxophone soprano, le picolo, le bandonéon, la basse, la contrebasse, la scie musicale et de nombreuses percussions dont un orchestre de jazz-band improvisé avec les casseroles qui servaient à contenir les fuites d'eau. Ces percussions font un tabac et crée une ambiance incroyable.
Puis les acrobates entrent en action. Ils sont parfois six sur scène : quatre filles, deux hommes, ou en solo. Par exemple lorsqu'un rideau fait de grandes mailles métalliques est fermé sur le devant de la scène. Celui-ci rappelle les gouttes d'eau (cercles métalliques). Une danseuse contorsionniste évolue parmi les anneaux aériens et termine ses acrobaties d'une manière magnifique sur le grand cercle du milieu. Les fuites reprennent de plus belle. Une vraie cataracte surgit. Le cri d'un artiste arrête l'eau. Un autre se débat avec les casseroles et les jets d'eau qui coulent d'en haut et se trouve le pied coincé dans sa guitare.
Nous observons une pause et admirons un couple dans un numéro de main à main. Puis les fuites proviennent du plancher comme des jets d'eau. Un numéro de Jonglage étonnant s'anime avec ceux ci : les mains jouent avec les jets en les stoppant en les segmentant, en jonglant réellement et enfin des petites balles sont déposées délicatement au sommet des jets, comme dans les stands de tir des fêtes foraines. Petite précision : Les balles tiennent toutes seules par un phénomène physique et pas, comme je l'ai entendu par plusieurs personnes derrière moi, avec un fil !
Une séquence très drôle : quelques filles jouant de la flûte défilent. Elles symbolisent des biches, la première a des petites cornes et joue de la flûte, les cerfs arrivent et brament à tout va. Ils sont représentés par deux joueurs d'hélicons, les cerfs se battent à coups de pavillons d'hélicons. On s'y croirait ! La scène est tellement trempée que les artistes arrivent chaussés de palmes. Plitch ! Platch ! Des techniciens de surface, une femme et un homme sont sollicités avec des grands balais raclettes. Leur ombre est projetée sur un rideau blanc. Le dessin de leur raclette écrit un immense cœur à la fois sur le sol et sur le rideau. Quand les branches du cœur se rejoignent sur l'écran improvisé les deux compères se retrouvent et s'embrassent au centre du cœur !
Un tuyau d'arrosage descend du plafond et se comporte comme un serpent au début du numéro d'une joueuse de flûte. Il vient la menacer tout près de sa tête. Elle se saisit du tuyau et grimpe après lui pour un beau numéro de corde aérienne.
Deux artistes jouent de la musique et chahutent en se giclant avec des petits jets d'eau. C'est un numéro de percussions plein d'humour et d'idées (Plif ! Plaf !). Du très bon avec rien.
Une fuite recommence d'en haut. On apporte et on tient tant bien que mal une échelle pour réparer. Le technicien qui monte réparer la fuite après plusieurs frayeurs parvient jusqu'au point d'échappement en étant soulevéà bout de bras par un camarade avec son échelle pour aller plus haut (premier effet). On lui tend une clef à mollette et un parapluie pour s'abriter de la fuite en même temps qu'il répare. Soudain tout son corps tourne sur lui-même comme une hélice. Il est en lévitation (deuxième effet). Il se sert de son parapluie comme d'une barque pour flotter sur le jet d'eau venu du bas. (Troisième effet et énorme succès).
Plusieurs parapluies forment une grosse bestiole qui mange un parapluie fermé tendu par le dresseur, le parapluie ressort de la bestiole sans son étoffe, puis la bestiole mange le dresseur qui se retrouve éjecté nu comme un vers. Un portique sur lequel est assis le porteur apparaît derrière un grand rideau blanc. La voltigeuse est tenue à bout de bras. Il s'agit d'une sorte de trapèze sans trapèze. Elle effectue en main à main des sauts très réussis.
Suivent trois numéros plus classiques : Contorsion en avant scène par une jeune femme extraordinairement souple. Numéro alliant l'équilibre et le jonglage (balle contact). Bascule classique avec atterrissages sur l'énorme tapis en mousse. Un homme vient en avant scène juste devant le rideau avec son hélicon. Soudain, une main puis un bouquet de fleurs sort du pavillon. Enfin le pavillon accouche d'une personne ! Le rideau se lève et laisse apparaître un deuxième rideau. Celui-ci est immense et en plastique transparent. Il forme une sorte de cataracte légèrement inclinée. Les artistes montent et glissent à l'arrière de la cataracte (de ce "rideau d'eau" ?). Nous les devinons par transparence. Puis ils passent dessous pour venir un par un en avant scène. Premier final.
L'action se poursuit avec le défilé de pleins de personnages sur la scène. Arrive un petit paravent mobile et rigide de 3 m sur 2. Au fur et à mesure des passages des personnages s'opèrent des changements et des apparitions à la façon de Méliès.
En final le paravent laisse apparaître toute la troupe dans un tonnerre d'applaudissements : 13 artistes (Patrick, Maëlle, Nicolas, Sylvaine, Pierre, Alain, Robert, Guillaume, Mark, Kimberly, Brigitte, Laura, Laurent), 3 techniciens de plateau (Geoffroy, Dominique, Alain), 2 éclairagistes (Fabrice et Bérangère), 1 sonorisateur (Jean-François).
La richesse des idées est immense et foisonnante. Le public fidèle est séduit, joyeux et applaudit debout ce spectacle formidable de deux heures sans entracte. Bravo sur tous les points, sur les plics et les plocs ! C'est une bonne "douche" de bonne humeur et de virtuosité, un très grand cru à ne pas manquer. Et petite touche supplémentaire, après le spectacle les artistes sont disponibles pour discuter à la sortie.
A visiter :Le Site du Cirque Plume.
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