
En Occident, on a tendance à associer force de caractère et cohérence. Les hommes qui changent d'idée et d'image comme des girouettes sont jugés peu fiables, voire démoniaques. On honore ceux qui sont fidèles au passé et aux valeurs éternelles.
En revanche, ceux qui défient et changent les conventions en vigueur sont souvent considérés comme destructeurs, au moins de leur vivant.
Le grand écrivain florentin, Nicolas Machiavel voyait ces valeurs de cohérence et d'ordre comme le produit d'une culture de la peur, comme quelque chose qu'il fallait retourner.
A son avis, c'est précisément notre nature figée, notre tendance à nous en tenir à une ligne d'action ou de pensée qui est la source de toute misère et de toute incompétence.
Un chef peut arriver au pouvoir par une conduite audacieuse mais, quand les temps changent et exigent davantage de prudence, cet homme persistera en général dans son approche. Il ne sera pas assez fort pour s'adapter, il restera prisonnier de sa nature figée. Ce qui l'a porté au pinacle va alors précipiter sa chute.
Selon Machiavel, les vrais personnages de pouvoir sont les gens capables de façonner leur propre caractère et de faire preuve à tout moment des qualités appropriées, grâce à leur capacitéà se plier aux circonstances. Ceux qui se cantonnent toujours aux mêmes idées et aux mêmes valeurs sans jamais se remettre en cause s'avèrent souvent les pires tyrans. Ils obligent les autres à se conformer à des concepts morts. Ils constituent des forces négatives, qui paralysent le changement pourtant nécessaire à toute culture afin d'évoluer et de prospérer.
Voici la façon dont il faut vous y prendre : travailler activement à dépasser votre nature figée, tentez délibérément une approche et un style différents, évaluez les diverses possibilités. Venez-en à vous méfier des périodes d'ordre et de stabilité ou rien ne bouge dans votre vie ni dans votre esprit. En revanche, les moments de changement et de chaos apparent vous réussissent : ils font bondir votre esprit vers la vie. Si vous arrivez à cela, vous avez un pouvoir immense. Vous n'avez rien à craindre des périodes de transition. Vous les accueillez, vous les créez même. Quand vous avez l'impression de prendre racine et de vous installer, c'est là que vous devez vraiment vous inquiéter.
Texte extrait du chapitre 4 du livre La 50e Loi de Robert Greene et 50 Cent aux éditions à contre courant.
A Lire :La 50e Loi de Robert Greene & 50 Cent.